Ce lundi, j'ai interpellé le Ministre-Président de la Fédération
Wallonie-Bruxelles sur la disparition de la Cellule Art et Antiquité de la
police fédérale.
Pourquoi interroger à la Fédération sur ce sujet ?
Si ma question ne relève pas directement de la compétence de notre
Fédération, plusieurs raisons m’ont convaincue de la déposer. C’est, tout
d’abord, des personnes expertes en muséologie qui m’ont alertée sur le
devenir de la cellule «Art et Antiquités» de la police fédérale. C’est aussi, parce que je vois un lien avec le débat sur le
radicalisme. Enfin, nous avons dans nos compétences la culture, mais également
les relations internationales, liées à ces compétences culturelles.
J’ai appris la suppression de la cellule fédérale
“vol d’œuvres d’art” de la police fédérale par voie de presse, annonce qui a
été confirmée en Commission de l’Intérieur au Parlement fédéral ce 11 mai.
Cette cellule, composée de cinq inspecteurs jusqu’en 2006, avait déjà
été ramenée à deux inspecteurs uniquement, ce qui - il faut l’avouer - ne
représente pour l’Etat une charge budgétaire que très minime au regard de leur
expertise et de leur utilité. Cette suppression est justifiée par
l’optimalisation de l’organisation de la police fédérale qui implique
d’orienter la capacité centrale de la police judiciaire fédérale vers ses
missions prioritaires, alors que le trafic d’œuvres d’art et d’antiquités n’y figure
pas. Cette décision s’inscrit donc dans un mouvement d’optimalisation lancé en
2013, alors que le contexte international et l’importance du trafic d’œuvres
d’art dans le financement du terrorisme ont fortement évolué depuis.
Cette justification est surprenante lorsqu’on connaît la part que
représente le vol et le trafic d’oeuvres d’art et d’antiquités dans le
financement du terrorisme international, phénomène qui concentre légitimement
toute notre attention au regard de la menace qu’il fait peser sur notre
intégrité physique mais également nos libertés. L’Etat Islamique tire en effet
des revenus substantiels du trafic illégal de pièces archéologiques qui
transitent souvent par l’Europe pour arriver en Belgique.
Le trafic des biens culturels est en outre le troisième en importance
dans le monde après le blanchiment d’argent et le trafic de drogues.
La cellule ainsi supprimée serait intégrée avec d’autres dans une
nouvelle direction chargée de la lutte contre le terrorisme, avec des moyens
supplémentaires. C’est toutefois occulter l’utilité de la cellule art et
antiquités dans d’autres domaines, comme celui du blanchiment d’argent en cas
de rétro-commissions.
Enfin, ce choix va totalement à contre-courant des choix opérés dans les
autres Etats membres de l’UE: la Lituanie, la Pologne et la Roumanie viennent
de créer une cellule spécialisée dans le trafic d’œuvres d’art et les cellules
déjà existantes en Italie, en France et aux Pays-Bas viennent d’être étoffées.
En conséquence, mon groupe souhaite vous interroger sur la position du
Gouvernement de la Fédération et ouvrir le débat dans ce parlement.
Réponse : Le Ministre-président s'est positionné contre cette suppression et m'a assurée qu'il écrirait au premier Ministre.
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