30 mai 2016

la Cellule Art et Antiquité de la police fédérale

Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles - lundi 30/05/2016 - commission des Affaires générales

Ce lundi, j'ai interpellé le Ministre-Président de la Fédération Wallonie-Bruxelles sur la disparition de la Cellule Art et Antiquité de la police fédérale. 
Pourquoi interroger à la Fédération sur ce sujet ? 
Si ma question ne relève pas directement de la compétence de notre Fédération, plusieurs raisons m’ont convaincue de la déposer. C’est, tout d’abord, des personnes expertes en muséologie qui m’ont alertée sur le devenir de la cellule «Art et Antiquités» de la police fédérale. C’est aussi, parce que je vois un lien avec le débat sur le radicalisme. Enfin, nous avons dans nos compétences la culture, mais également les relations internationales, liées à ces compétences culturelles.
J’ai appris la suppression de la cellule fédérale “vol d’œuvres d’art” de la police fédérale par voie de presse, annonce qui a été confirmée en Commission de l’Intérieur au Parlement fédéral ce 11 mai.
Cette cellule, composée de cinq inspecteurs jusqu’en 2006, avait déjà été ramenée à deux inspecteurs uniquement, ce qui - il faut l’avouer - ne représente pour l’Etat une charge budgétaire que très minime au regard de leur expertise et de leur utilité. Cette suppression est justifiée par l’optimalisation de l’organisation de la police fédérale qui implique d’orienter la capacité centrale de la police judiciaire fédérale vers ses missions prioritaires, alors que le trafic d’œuvres d’art et d’antiquités n’y figure pas. Cette décision s’inscrit donc dans un mouvement d’optimalisation lancé en 2013, alors que le contexte international et l’importance du trafic d’œuvres d’art dans le financement du terrorisme ont fortement évolué depuis.
Cette justification est surprenante lorsqu’on connaît la part que représente le vol et le trafic d’oeuvres d’art et d’antiquités dans le financement du terrorisme international, phénomène qui concentre légitimement toute notre attention au regard de la menace qu’il fait peser sur notre intégrité physique mais également nos libertés. L’Etat Islamique tire en effet des revenus substantiels du trafic illégal de pièces archéologiques qui transitent souvent par l’Europe pour arriver en Belgique. 
Le trafic des biens culturels est en outre le troisième en importance dans le monde après le blanchiment d’argent et le trafic de drogues.
La cellule ainsi supprimée serait intégrée avec d’autres dans une nouvelle direction chargée de la lutte contre le terrorisme, avec des moyens supplémentaires. C’est toutefois occulter l’utilité de la cellule art et antiquités dans d’autres domaines, comme celui du blanchiment d’argent en cas de rétro-commissions.
Enfin, ce choix va totalement à contre-courant des choix opérés dans les autres Etats membres de l’UE: la Lituanie, la Pologne et la Roumanie viennent de créer une cellule spécialisée dans le trafic d’œuvres d’art et les cellules déjà existantes en Italie, en France et aux Pays-Bas viennent d’être étoffées.
En conséquence, mon groupe souhaite vous interroger sur la position du Gouvernement de la Fédération et ouvrir le débat dans ce parlement. 
Réponse : Le Ministre-président s'est positionné contre cette suppression et m'a assurée qu'il écrirait au premier Ministre.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci de laisser votre avis et vos suggestions.