06 juin 2017

Fusion UCL – Saint-Louis : liberté d'association des moyens et de la recherche ou retour de la "pilarisation" ?

Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles - mardi 6/006/2017 - commission de l'enseignement supérieur - Question orale au Ministre Marcourt

Le jeudi 18 mai ont eu lieu les votes sur la fusion de l’UCL et de l’Université Saint-Louis­- Bruxelles. Avec plus de 90 % de votes positifs.
Depuis lors, les réactions par voie de presse - et sûrement aussi dans les couloirs - se multiplient.
J'ai interrogé aujourd'hui le Ministre Marcourt sur la suite de cette décision. 
Ce projet de fusion ne changera rien en termes de coûts pour la Fédération W-Bxl ou en termes d'habilitation mais permettra, selon les 2 universités, des apports en termes d' amplification de l'offre d'enseignement en commun et de recherches. 
Ces derniers jours, les cartes blanches et articles de presse se sont multipliés, jusqu'à ce week-end avec l'édito de Vincent Engel, ou ce matin avec l'interview d'André Antoine.
Qu'en retenir ? 
J'apprécie l'édito de Vincent Engel, qui ne mâche pas ses mots. J'en retiens principalement 3 points que je veux répéter ici au Parlement : 
- Le projet de fusion est l'aboutissement d'un processus entre les 4 corps et basé sur un large projet éducatif et de recherche.
- Sommes-nous face à un renforcement de la "pilarisation" de l'enseignement universitaire ? Mais qu'est-ce encore que  cette vision dépassée de ces piliers que certains brandissent aujourd'hui comme une bombe ? A qui cela parle-t-il encore ? Le monde universitaire francophone belge a profondément évolué. Des assistants, des profs, des chercheurs issus de l'ULB ou de l'UlG,  professent à l'UCL, à Saint-Louis et vice-versa, j'espère. Dans les faits, au quotidien, les vieux piliers sont dépassés. Faire croire le contraire, c'est cela, pour moi, l'archaïsme.
- Bruxelles ne s'arrête pas aux 162 km2 de la Région bruxelloise. Bruxelles et le Brabant wallon forment une unité économique, d'enseignement supérieur et de recherche. Et au niveau international, cette unité s'étend selon moi, à Bruxelles + la Wallonie. Je l'avais d'ailleurs dit et redit lors de l'examen du décret paysage car la crainte de DéFI par rapport au décret est de voir certains plaider la régionalisation de l'enseignement supérieur. 
La semaine passée, nous avons aussi pu prendre connaissance de la 'lettre ouverte au monde politique' des recteurs de l'ULB- UlG et UMons qui, ensemble, ont dénoncé une remise en cause du paysage universitaire. Selon eux, ce n'est plus le bassin bruxellois qui est en jeu mais l'imposition d'une modification du décret sur base de rapprochements confessionnels. Ils condamnent, ensemble, comme bloc laïc (paradoxal n'est-il pas ?) la reconstitution de piliers. La presse complète cette lettre ouverte en précisant que la "pression de ces universités est maximale sur le gouvernement". 
S'en est suivie une carte blanche d'Isabelle Hachez et Marc Verdussen qui pointent deux libertés constitutionnelles fondamentales : la liberté d'enseignement et la liberté d'association. 
Où en est-on dès lors ? 
J'adresse 4 questions au Ministre : 
  1. On parle de "pressions maximales des recteurs 'laïcs' sur le gouvernement". Quid ? Exact ? Avez-vous reçu les recteurs de l'UCL et Saint-Louis ? Quels ont été les contacts avec les 3 recteurs ? 
  2. Quelles conséquences de la fusion ? Symboliques ? Plus ? 
  3.  Quel le calendrier dans ce processus de fusion ? Une modification du décret paysage pour reconnaître les habilitations sera-t-elle déposée ? Quand ? Un avis de l'ARES a-t-il été demandé ? 
  4. Et finalement, trouvez-vous, Monsieur le Ministre, que cette fusion est un pas négatif, voire menaçant,  pour le décret paysage ? Ou est-ce justement l'occasion de rebondir, de modifier le décret à l'aune des premières années d'application du décret ? 
Résumé de la réponse du ministre Marcourt
Le ministre a été très très bref. 
- Il s'agit bien d'une absorption de Saint-Louis par  l'UCL
- Il va rencontrer prochainement les deux recteurs UCL-StLouis
- La limitation des libertés constitutionnels est autorisée si justifiée par un intérêt supérieur.
- Quel est l'apport de ce rapprochement ?, demande-t-il. 
- Il défend le pluralisme qui est qqch d'important.
- Si un texte de projet de décret est déposé, il demandera alors l'avis de l'ARES. Pas maintenant.  
Ma réplique
La situation du paysage universitaire est loin d'être apaisée. Je pense que le rôle d'un ministre devrait être d'apaiser mais pour cela, il faut être au-dessus de la mêlée, ce que le ministre Marcourt n'est pas. Souvenons-nous de certaines déclarations lors de l'élaboration du décret paysage. On attend dès lors de voir quelle sera la position du gouvernement et je reviendrai questionner. 
Le Ministre demande quel est l'apport du rapprochement UCL/Saint-Louis ? Je demande quel est l'apport de rester de la schéma territorial pur... 
Quant à la limite des libertés constitutionnelles, j'espère que ce ne sera pas la voie politique choisie par le gouvernement. La qualité de l'enseignement universitaire et supérieur demande la liberté, pas l'obéissance politique. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci de laisser votre avis et vos suggestions.