16 juin 2016

Le symptôme de l’état déplorable des biens publics : « le musée de l’Armée sera-t-il un modèle ? »

Jeudi 16 juin 2016 - Interpellation de la Ministre de la Culture - Commission de la culture

La Libre faisait part ce lundi 06/06/16 de l’inquiétude suscitée par le plan du gouvernement fédéral en ce qui concerne le musée de l’Armée. Comme de nombreux autres éléments du patrimoine belge, le musée a besoin de réinvestissements. Jan Jambon, Ministre des bâtiments, a prévu un budget pour réparer les toits. Son collègue Steven Vandeput dévoile en même temps l’autre partie du plan, qui consiste à joindre le musée à un nouvel ensemble, plus autonome, ayant le statut de parastatal de type B. Dans ce nouveau cadre, le secteur privé serait sollicité à conclure un partenariat public-privé pour la rénovation de la muséologie et pour l’exploitation du musée. Les collections pourraient être délocalisées dans des « dépôts régionaux » - appellation qui pourrait viser aussi des musées dépendant des Communautés , ce que prévoyait déjà la déclaration gouvernementale.
Ces annonces suscitent maintes questions et appréhensions dans ce pays en voie de dislocation. 
Ce midi, j'ai interpellé le gouvernement de la Fédération Wallonie- Bruxelles au sujet du Musée de l'arme et sur cette vision de la gestion du patrimoine public.

Au niveau du Misée de l'Armée, vers quels « dépôts régionaux » ces collections pourraient-elles être délocalisées ?
De plus, on ne peut manquer de lire cette annonce à l’aune de toutes les alarmes et appels qui n’ont cessé de retentir au sujet de l’état du patrimoine en Fédération Wallonie-Bruxelles. Prenons l’exemple du Musée des Beaux-Arts de Tournai, qui est un ensemble patrimonial exceptionnel, à la fois par son architecture et par l’importance de ses collections artistiques. Là, des seaux et torchons récoltent les écoulements d’eau de la toiture, devant le bureau du conservateur. D’une salle à l’autre, les températures sont variables. C’est aussi le cas de l’hygrométrie. Sans parler de l’éclairage. Difficile d’imaginer qu’il s’agisse bien de l’un des cinq musées les plus importants du pays, qui abrite des œuvres majeures de Manet, Bruegel, De Le Pasture, Ensor. C’est pourtant bien ce qu’écrivait le Courrier de l’Escaut en février 2015… Mais c’est aussi le cas des Musées royaux des Beaux-Arts de Bruxelles, où par fortes pluies, il faut disposer des seaux dans les salles où sont exposés des Rubens, des Bruegel, de véritables chefs-d’œuvre. Pourtant, ce dernier quart de siècle, les musées de la plupart des pays européens ont été mis aux normes muséales internationales, et mis en valeur: Louvre Lens, Tate Britain, Guggenheim Bilbao, Grand Louvre, rénovation des musées de Lyon, Montpellier, Grenoble. L’Italie s’y met aussi : Grande Uffizi, nouvelle galerie Sabauda à Turin, travaux à l’Accademia de Venise ….
Mais chez nous, il semble que cela soit symptomatique d’une défection du patrimoine, car le déficit de protection et d’entretien n’est pas circonscrit au monde muséal. La Libre parle d’un modèle…Le magnifique bâtiment du Palais de justice de Bruxelles est également le modèle d’une situation déplorable. Le budget annuel prévu pour les réparations n’est pas utilisé faute de personnel dédicacé aux réparations. Les inondations et pannes électriques sont fréquentes. Les magistrats doivent siéger dans des locaux insalubres et le personnel des greffes doit travailler dans des conditions qui ne sont pas conformes aux dispositions concernant la sécurité du lieu de travail. Et si la rénovation est évoquée, on parle de partenariat avec le privé et la rénovation est reportée d’au moins dix ans. Evoquons encore l’état du rail qui a besoin d’un sérieux rattrapage en matière d’investissement car il a été touché par une insuffisance de moyens par le passé. Et je pourrais aussi citer les tunnels bruxellois bien sûr.
Face à cette gestion calamiteuse du patrimoine, la grogne citoyenne commence à monter, et les responsables politiques se doivent d’y répondre. Les francophones du pays craignent la régionalisation d’une grande partie de ce patrimoine culturel, et la délocalisation des collections, après que les rénovations et l’entretien aient été réalisés de manière inégalitaire entre le Nord et le Sud du pays.
Madame la Ministre de la Culture, Monsieur le Ministre-Président, voici quelques points que je voudrais aborder lors de cette interpellation :
  • Par rapport au Musée de l’Armée et à ses collections, quelles sont les contacts avec l’Etat fédéral? Quelles mesures prises pour éviter le démantèlement des collections, comme l’indique l’article de La Libre ? Certains objets, précieux souvenirs historiques, ont été donnés à l’Etat fédéral, par des particuliers belges ou étrangers qui n’ont peut-être envie de les voir finir dans un entrepôt ou un musée régional ?  Y-a-t-il des réactions de la part de votre gouvernement ? Si une certaine dispersion des collections est prévue par le Fédéral, comment la Fédération Wallonie-Bruxelles s’y inscrit-elle ?
  • Existe-t-il un état des lieux du patrimoine et des collections situés en Fédération Wallonie-Bruxelles ? Quels sont les principaux constats tirés d’un tel état des lieux ?
Résumé : la Ministre Gréoli a annoncé qu'elle réunira un Comité interministériel de la Culture en septembre. Mais il est flagrant que la Fédération Wallonie-Bruxelles n'est pas préparée à ce qui se démantèle au Fédéral.
Lien vers le compte-rendu : cliquez (à venir)

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