10 novembre 2010

Cordon sanitaire : stop ou encore ?

Hier matin, se tenait un colloque organisé par le Conseil supérieur de l'audiovisuel consacré au cordon sanitaire médiatique. Très intéressant.
Contrairement à leurs confrères flamands, les médias de la Communauté française ont décidé, depuis quelques années, de ne pas diffuser d'interview ni débat en direct avec des représentants de l'extrême-droite, et cela en s'appuyant sur la Convention européenne des droits de l'homme et autres décrets ou textes internationaux. Différentes décisions de justice ont confirmé les décisions et choix des médias francophones.
Ce dispositif est remis en question par certains. Est-il efficace ? Avec quels objectifs ? Est-il conforme à la liberté de la presse ?
Pour moi, il s'agit d'un point très important dans la lutte contre l'extrême-droite, qui doit être poursuivi sans faille.
  • Le dispositif du cordon sanitaire médiatique fait partie d'un ensemble de mesures prises pour lutter contre les idées extrémistes : éducation à la citoyenneté dans les écoles, ouverture des parlements vers la société, cordon sanitaire politique tant par rejet d'accords politiques avec l'extrême-droite que par une attitude de non-communication au sein des Parlements... C'est une pièce dans un ensemble mais c'est une pièce maîtresse ! Si le cordon sanitaire tombe au niveau des médias, la justification des cours et formations, des campagnes de pub... sera beaucoup plus difficile.
  • L'objectif de ce dispositif est politique, politique dans le sens étymologique du terme, de bonne conduite de la cité. Les journalistes se donnent ainsi un rôle politique. Pour moi cela est sain, positif et... efficace. Du côté francophone, plus aucun parlementaire d'extrême-droite n'a été élu ces 2 dernières années...
  • Le danger se trouve d'une part dans l'évolution du discours d'extrême-droite (les propos racistes sont sciemment écartés des programmes et discours pour éviter les poursuites judiciaires mais le fond ne change pas) et d'autre part, le développement de propos ou propositions proches de l'extrême-droite par des partis dits "populistes". Le travail de sélection réalisé par les journalistes sur base des analyses des programmes menait de façon claire -et assez simple - à exclure les partis d'extrême-droite des débats et autres interviews. Ce travail doit-il se faire maintenant propos par propos de quelque parti que vienne le représentant ? Tenable ? Difficile et peut-être dangereux pour le débat démocratique. Mais nécessaire sans doute.
  • Et puis se pose quand même la question paradoxale de voir la presse faire ce travail indispensable de "cordon sanitaire" alors que les parlements continuent à financer les partis d'extrême-droite....

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci de laisser votre avis et vos suggestions.